de l’écriture à la réalisation - le lundi 09 octobre 2017

« Il est temps de rêver ! »

L’expérience du film documentaire de l’écriture à la réalisation avec la rencontre d’un cinéaste : Vincent Pouplard.

L’expérience du film documentaire de l’écriture à la réalisation

Vincent Pouplard – Philippe Troyon – Julien Pornet


SÉANCE CINÉMA

De 9h30 à 12h30 au Cinéma Jacques Tati – Tremblay en France

PROJECTION

« Pas comme des loups » de Vincent Pouplard – 1h (2017)
en présence de Vincent Pouplard. La séance est introduite par Laurent Pierronnet, responsable des actions éducatives du cinéma Jacques Tati, assisté de Mohand Hayad. Le débat est mené par Julien Pornet. Il est enregistré et sera disponible.

STAGIAIRES du groupe 2 // O.DII :

Francine EUGENE (Aide soignante) - Hasan KILINC (Aide soignant) - Marion LANGLOIS (Monitrice éducatrice) - Georgina PETERS (Psychométricienne) - Maria PEAN (Monitrice éducatrice) - Isabelle CHEVRIER (AMP) - Noura CHERCHOUR (Monitrice éducatrice) - Makassi KEITA (AMP) - Christine VIRLOUVET (Monitrice éducatrice) - Sylvie RABINEAU (cheffe de service MAS) - Agnes KINGOMBE (Aide soignante)

en présence de Michèle, David et Antoine.

LES RESIDENTS :

Jérémy ANTUNES - Andréan MASSALOU - Farida ZAOUMI
Catherine TARTAUD - Aurélie THEODON - Mehdi BOUZERATA - Ghislain LEFEVRE - Jennifer COURTECUISSE - Catherine LEBEDEFF - Kevin HAMY - William N BOG
 Philippe POULET

DÉBAT

En fin de séance, un débat très animé a lieu avec Vincent Pouplard. Les résidents ont beaucoup apprécié ce film et ont des remarques tout à fait étonnantes sur les personnages du film, comme celle d’ Andréan : « pourquoi il a été abandonné par sa mère ? » . Ces séances d’analyse cinématographique confortent leurs regards et leurs écoutes maintenant habitués à rencontrer des cinéastes.


SEANCE DE TRAVAIL

De 14h à 17h au Foyer de Vie Mas - Villepinte

Approche thématique : « l’écriture des films documentaires de Vincent Pouplard »

Vincent Poulard raconte sa vie de réalisateur, sa façon de travailler à partir d’extraits de ses films et de films qu’il a choisis. Il préconise certains conseils pour l’écriture d’un scénario de film documentaire. (abécédaire).


LES PREMIERES IDEES D’ECRITURE

La séance de travail se termine sur le planning futur et sur la méthode de travail de l’écriture du scénario collectif. Quelques idées ont été développées par l’équipe. Il s’agit maintenant de trouver «  l’idée  » du film et son traitement.

Idées pour le documentaire « Il est temps de rêver » :

Filmer la vision que les résidents ont des professionnels, leur point de vue de l’institution et les activités. Mettre les résidents derrière la caméra et devant. Comment ils nous perçoivent. Comment ils perçoivent notre travail et notre relation avec eux, ce qui peut être très différent de la réalité et de notre point de vue. (Par exemple, les femmes de ménage pour eux ne font pas le ménage mais discutent avec eux, font le café, font des blagues, recousent les boutons, etc.)

Filmer la vie des résidents dans les activités plutôt que des interviews. Laisser parler leurs actions. Détailler leurs activités et leur vie ici, les laisser s’exprimer dans des endroits naturels pour eux, montrer de quoi ils sont capables. Rester dans le concret.

Filmer les partenariats externes plutôt que la vie dans l’institution. (Médiathèque, concours culinaires, Handivoix, danse orientale, équitation, journées de culture et de sports, etc.) Mettre en avant leur vie active dans la société et leurs relations avec les personnes de l’extérieur.

Filmer les paroles des professionnels. Qu’es ce que cela fait de travailler dans cette institution. Le bon et le mauvais. Le côté humain. Le quotidien. Comment faire face à ce qu’on vit. Comment adapter le langage, verbal et corporel. La différence de parole entre un professionnel nouveau-venu, moyen terme et long terme.

Filmer un transfert de sa conception à son aboutissement. Mise en place projet, réservation du lieu, le transport, l’organisation budgétaire et matériel, le départ, le transfert lui-même et leurs pensées une fois rentrés.

Le lien entre une famille et le résident lié par la même maladie, ou qui ont traversé des épreuves similaires. Comment ils peuvent se soutenir entre eux, dans les deux sens.

Le souvenir, l’importance de leur enfance. Leurs rêves et leurs aspirations pour le futur. Rêves concrets pour les activités, évolutions qu’ils aimeraient vivre.

Explorer la mort d’un résident ou la mort d’un membre de la famille. Comment l’appréhender, le vivre et les soutenir.


SUR LE FILM : « PAS COMME LES LOUPS »

Présenté en Séance Spéciale au Cinéma du Réel, Pas comme des loups de Vincent Pouplard suit à la trace deux frères jumeaux, Roman et Sifredi, qui vivent en marge de la société. Le titre du film renvoie directement à la volonté du réalisateur de ne pas faire de ces deux vies ébréchées une image supplémentaire à ajouter à la caractérisation habituelle des jeunes délinquants par les journaux télévisés ou autres reportages (visages floutés, voix déformées…) : en somme, ne les pas les filmer comme une meute informe mais leur donner une singularité et faire entendre leurs paroles. Car l’œuvre de Pouplard s’attache brillamment à faire ressentir le rapport aux mots qu’entretiennent ses protagonistes – que ce soit par le rap qu’ils écrivent et slamment, leurs joutes verbales où se dévoilent leur précision du mot juste ou encore leur capacité à se définir, dans une belle séquence finale, par ce qu’ils ne sont pas plutôt que par ce qu’ils sont. Au-delà du premier quart d’heure du film qui laisse craindre une approche anxiogène (reclus dans un obscur parking) et une approche expérimentale émaillées de quelques fioritures (une voix off hésitante, des jeux avec l’objectif de la caméra…), Pas comme des loups s’ouvre à un conte à l’air libre au milieu de marécages et de champs, laissant enfin pleinement s’exprimer sa colère rentrée sous la forme d’une intensité basse tension. Roman et Sifredi deviennent ainsi les héros d’un conte reléguant la société dans un hors-champs total et ne se construisant que sur un montage favorisant les temps morts, les non-événements, les détails de vie qui en disent plus qu’une immersion au forceps dans leur intimité – conte qui pourrait s’apparenter aux livres de Mark Twain revisités par un Jean Genet contemporain. Il faut voir les deux jeunes hommes grimper en haut d’un arbre, la caméra s’éloignant par cadres successifs au son d’un violon lancinant, pour saisir la beauté de leur envol. Le plan suivant qui voit Roman et Sifredi s’étreindre comme dans une danse pareil à un match de lutte souligne la constante dualité du beau film de Pouplard : trouver une maison est un combat de tous les instants, un retour permanent aux nourritures terrestres.


FICHE TECHNIQUE DE LA JOURNÉE